Les maladies thromboemboliques veineuses

Par Nicolas Gambardella

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Nous sommes tous familiers des mots « caillots sanguins », « AVC » et « infarctus ». Cependant, avant le déluge médiatique consacré aux effets secondaires extrêmement rares de certains vaccins contre la covid-19, bien peu en dehors de la communauté médicale avaient entendu parler des événements thromboemboliques.

L’acteur central du drame est le thrombus, aussi appelé caillot sanguin. Le caillot sanguin est le produit de la coagulation sanguine. La formation d’un caillot permet d’arrêter une hémorragie lorsque la paroi d’un vaisseau sanguin en endommagée. La première étape est la formation d’un clou plaquettaire formé par l’agrégation de plaquettes, ou thrombocytes. Le thrombus est ensuite consolidé par des brins de fibrine.

Un thrombus peut bloquer les vaisseaux, en particulier s’ils sont déjà rétrécis par exemple dans les cas d’athérosclérose. Cette thrombose entrave la circulation sanguine. Les thromboses surviennent principalement lorsque le débit sanguin est lent et régulier (sinon les caillots sont arrachés). C’est pourquoi on les trouve surtout associées aux veines, formant des thromboses veineuses profondes aussi appelés phlébites profondes, ou superficielles, aussi appelées périphlébites.

Un thrombus peut se détacher, formant un embole qui voyage dans les vaisseaux en suivant la circulation sanguine. Si les vaisseaux deviennent plus petits, ces emboles ont plus de chances de les bloquer. Cette embolie diminue l’irrigation en aval, privant les tissues d’oxygène, ce qu’on appelle une ischémie, ce qui entraîne une nécrose des tissus, ou infarctus.

Dans les veines, le sang privé d’oxygène circule des petits vaisseaux vers les grands vaisseaux. De ce fait, si un caillot se détache, ils ne bloquent pas les vaisseaux en aval, et voyage jusqu’au cœur. Il est alors envoyé par le cœur dans l’artère pulmonaire. Cette artère, quant à elle, se divise en branches de plus en plus petites, et le caillot peut alors bloquer la circulation. C’est une embolie pulmonaire. Les thromboses veineuses profondes et les embolies pulmonaires sont les deux manifestations de la la maladie thromboembolique veineuse ou phlébite.

Dans les artères, la circulation sanguine est rapide et pulsée. De ce fait, les thromboses artérielles sont assez rares. En revanche, la circulation allant des gros vaisseaux vers les petits, les embolies sont fréquentes. Les exemples les plus fréquents sont les embolies des artères coronaires, causant une destruction du muscle du cœur, un infarctus du myocarde, et les embolies des artères cérébrales causant un infarctus cérébral, un des deux types d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) – l’autre étant constitué par les hémorragies cérébrales.

Ce qui nous amène à une complication très rare de la vaccination contre la covid-19 par des vaccins utilisant des vecteurs adénovirus comme Vaxzevria de l’université d’Oxford et AstraZeneca, et Ad26.COV2.S de Janssen. Cette complication est la « thrombopénie immunitaire prothrombotique induite par le vaccin (TIPIV) ». En effet, dans des cas extrêmement rares, ces vaccins induisent la production d’anticorps reconnaissant la protéine « facteur plaquettaire 4 » qui active les plaquettes et cause leur agrégation, entraînant des thromboses.

Rappelons une fois encore que ces cas sont extrêmement rares, et leur incidence est bien inférieure à celle observée après infection par le virus SARS-CoV-2, les événements thromboemboliques étant une des complications principales de la covid-19.

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