De la ponctuation des listes, Une Règle pour les Gouverner Toutes

Par Nicolas Gambardella

Quelle ponctuation utiliser dans les listes à puces ou numérotées ? Si l’on essaie de comprendre les règles en accumulant les exemples, le découragement vient rapidement, car il semble que le hasard règne en maître. Si l’on trouve une liste de ces règles, le soulagement est de courte durée tant celles-ci semblent arbitraires et les exceptions nombreuses. Je vais proposer à la fin de ce billet un algorithme graphique en deux parties, pour vous aider à choisir la casse des premières lettres des éléments de liste et la ponctuation à la fin de chaque élément. Mais avant, ça je vais fusionner toutes les règles en une seule, et présenter des exemples vous aidant à la comprendre.

Avertissement : ce billet ne concerne que les listes insérées dans des textes. S’il s’agit de listes insérées dans des diapositives de présentations, la rapidité de lecture et la facilité de mise en page doit être prise en compte, et on préférera souvent commencer chaque élément par une majuscule et omettre la ponctuation à la fin de celui-ci.

Revenons à cette fameuse unique Règle pour les Gouverner Toutes ; quelle est-elle ? C’est tout simple :

Si on supprime le formatage de la liste, à savoir, passages à la ligne et puces,
la ponctuation du texte résultant doit rester correcte.

Prenons une liste simple.

Le cerveau comporte trois grandes parties :
le prosencéphale ;
le mésencéphale ;
le rhombencéphale.

Si l’on supprime le formatage de la liste ci-dessus, on obtient :

Le cerveau comporte trois grandes parties : le prosencéphale ; le mésencéphale ; le rhombencéphale.

La ponctuation de cette phrase est tout à fait correcte puisqu’elle commence par une majuscule, ne contient pas de majuscules au milieu, suivant les deux-points et les point-virgules, et se termine par un point.

Aparté : le tiret commençant l’entrée d’une liste est un tiret semi-cadratin « – ». Ce n’est ni un trait d’union « - », ni un tiret cadratin « — », ni bien sûr le symbole mathématique moins « − ». Ce tiret est suivi d’une espace insécable, comme il l’est quand il précède une incise. Fin de l’aparté.

On ferme chaque élément par une ponctuation non fermante, sauf le dernier. On aurait pu remplacer les point-virgules par des virgules. Dans ce cas, on aurait également pu ajouter la conjonction de coordination « et » après le pénultième élément (après la virgule !).

Le cerveau comporte trois grandes parties :
– le prosencéphale,
– le mésencéphale, et
– le rhombencéphale.

L’absence de ponctuation à la fin de chaque élément, comme l’utilisation d’un point rend la ponctuation incorrecte :

Le cerveau comporte trois grandes parties : le prosencéphale le mésencéphale le rhombencéphale

Le cerveau comporte trois grandes parties : le prosencéphale. le mésencéphale. le rhombencéphale.

Ce serait également le cas si nous avions commencé chaque élément par une majuscule.

Le cerveau comporte trois grandes parties : Le prosencéphale ; Le mésencéphale ; Le rhombencéphale.

Dans la liste précédente, les éléments ne sont pas indépendants de la phrase d’entrée. Ce n’est parfois pas le cas, par exemple si cette dernière est du type « Remarques : » ou « À noter : » (mais pas « À noter que : »). Dans ces cas-là, les éléments de la liste sont des phrases complètes, indépendantes non seulement de la phrase d’entrée, mais également l’une de l’autre. Elles sont ponctuées en conséquence.

Remarques :
– Le prosencéphale  contient la vaste majorité des neurones du cerveau des êtres humains.
– Le mésencéphale est atteint dans la maladie de Parkinson.
– Le rhombencéphale contrôle les fonctions vitales et autonomes.

Remarques : Le prosencéphale  contient la vaste majorité des neurones du cerveau des êtres humains. Le mésencéphale est atteint dans la maladie de Parkinson. Le rhombencéphale contrôle les fonctions vitales et autonomes.

Les listes ci-dessus étaient précédées d’une phrase ouverte, se terminant par deux-points. Cela aurait également été le cas si elle s’était terminée par un point-virgule ou une virgule (voir plus bas le cas des listes emboîtées). Si la phrase d’entrée est fermée, c’est-à-dire qu’elle se termine par un point, un point d’exclamation ou un point d’interrogation, les règles sont différentes, car les éléments sont eux-mêmes des phrases.

Laquelle des informations suivantes est erronée ?
– Le prosencéphale  est la partie la plus antérieure du cerveau.
– Le mésencéphale est atteint dans le diabète sucré.
– Le rhombencéphale contrôle les fonctions vitales et autonomes.

Laquelle des informations suivantes est erronée ? Le prosencéphale  est la partie la plus antérieure du cerveau. Le mésencéphale est atteint dans le diabète sucré. Le rhombencéphale contrôle les fonctions vitales et autonomes.

On voit bien que débuter les éléments par des minuscules et les achever par un point virgule ou une virgule produirait ici une structure incorrecte.

Laquelle des informations suivantes est erronée ? le prosencéphale  est la partie la plus antérieure du cerveau, le mésencéphale est atteint dans le diabète sucré, le rhombencéphale contrôle les fonctions vitales et autonomes.

Ce qui nous amène aux questions à choix multiples (QCM). Cette situation est quelque peu différente, car les éléments de la liste sont des alternatives.

Quelle est la partie du cerveau la plus développée chez l’être humain ?
– Le prosencéphale.
– Le mésencéphale.
– Le rhombencéphale.

La liste peut dès lors être pliée en phrases différentes, correspondant à chaque élément.

Quelle est la partie du cerveau la plus développée chez l’être humain ? Le prosencéphale.

Quelle est la partie du cerveau la plus développée chez l’être humain ? Le mésencéphale.

Quelle est la partie du cerveau la plus développée chez l’être humain ? Le rhombencéphale.

Pour finir, abordons le sujet des listes emboîtées. Les règles restent les mêmes. Le dernier élément d’une liste de niveau supérieur joue toutefois le rôle de phrase entrante pour la liste de niveau inférieur. On utilisera des ponctuations différentes pour les éléments de niveaux différente. Typiquement, une virgule terminera des éléments au sein d’un élément terminé par un point-virgule.

Le cerveau comporte trois grandes parties :
– le prosencéphale qui est la partie la plus antérieure formée de deux parties,
  • le télencéphale qui est responsable des fonctions supérieures,
 • le diencéphale qui relaie les entrées sensorielles ;
– le mésencéphale ;
– le rhombencéphale qui est la partie postérieure formée de deux parties,
  • le métencéphale qui comprend le cervelet,
  • le myélencéphale qui est aussi appelé bulbe rachidien.

Si l’on supprime les listes de second niveau, on obtient la ponctuation correcte suivante :

Le cerveau comporte trois grandes parties :
– le prosencéphale qui est la partie la plus antérieure formée de deux parties, le télencéphale qui est responsable des fonctions supérieures, le diencéphale qui relaie les entrées sensorielles ;
– le mésencéphale ;
– le rhombencéphale qui est la partie postérieure formée de deux parties, le métencéphale qui comprend le cervelet, le myélencéphale qui est aussi appelé bulbe rachidien.

La liste entièrement pliée devient :

Le cerveau comporte trois grandes parties : le prosencéphale qui est la partie la plus antérieure formée de deux parties, le télencéphale qui est responsable des fonctions supérieures, le diencéphale qui relaie les entrées sensorielles ; le mésencéphale ; le rhombencéphale qui est la partie postérieure formée de deux parties, le métencéphale qui comprend le cervelet, le myélencéphale qui est aussi appelé bulbe rachidien.

Essayons de construire un algorithme qui nous permet de trouver à coup sûr quelle casse et quelle ponctuation utiliser. Commençons par la casse de début d’élément.

Nous pouvons ensuite nous tourner vers la ponctuation terminant les entrées. Notons que je ne considère ici qu’un seul niveau d’imbrication. L’algorithme pourrait être généralisé en remplaçant points-virgules et virgules par ponctuation ouverte de niveau n et n+1.

Et voilà ! Vous pouvez maintenant être confiant·e dans le formatage de votre liste !